« Comme tous les entre-deux, l'espace philosophico-
littéraire projette une lumière originale, féconde, enrichissante, sur les deux disciplines rapprochées ; mais, surtout, l'expérience de la confrontation de ces deux modes d'expression ne manquera pas d'encourager la reconnaissance d'une perspective unitaire plus stimulante encore. » (N. Cavaillès) |
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■ Les personnes qui souhaitent soumettre un texte à la revue sont invitées à lire les indications suivantes. | |
Actualités
« Ni croyant, ni athée, mais incapable de s'arracher à la fascination de la divinité, Cioran définit l'enfer comme “la prière interdite”. »
Entretien avec Simona MODREANU réalisé par Mihaela-Gențiana STĂNIŞOR

Simona Modreanu : D’une certaine façon, je n’ai écrit qu’un livre sur lui, Le Dieu paradoxal de Cioran (Rocher, 2003). Ce fut ma grande « histoire d’amour » avec le philosophe, le moment de grâce d’une rencontre totale, d’une chute sans filet dans la pensée vertigineuse et l’âme torturée de celui que, il y a plusieurs années, j’ai senti comme « mon semblable, mon frère »… J’y avais abordé tous les thèmes qui, d’après moi, lui tenaient à cœur et le définissaient humainement, intellectuellement et surtout spirituellement. Mais, apparemment, le sort en avait décidé autrement et, très vite, j’ai été amenée à faire une monographie Cioran, dans la collection « Les Roumains de Paris », ensuite, de manière plus ou moins aléatoire, des articles, conférences ou études ponctuels. J’étais persuadée que je n’écrirais plus jamais de livre sur Cioran, car j’y avais déjà laissé « ma peau » ! Je me trompais. Là où je ne me suis pas trompée en revanche, c’est sur la portée – autant verticalement qu’horizontalement – de la vision et de l’expression de ce philosophe sur la réflexion contemporaine, qu’elle soit institutionnelle ou ordinaire. Je l’ai découvert un peu par hasard, avant la Révolution roumaine, dans une anthologie assez épurée, pour pouvoir échapper à la censure, et qui m’a révélé un esprit étrangement familier et dévastateur à la fois. Je ne l’ai pas oublié et, dès que cela a été possible, je me suis procuré ses livres, français d’abord, roumains par la suite, de plus en plus séduite par l’insolence amère de cet être plus seul que Dieu. En outre, ce qui m’a également incitée à m’intéresser à la pensée de Cioran, c’est qu’il existait, à l’époque, dans les années 1990, très peu de livres sur lui ; des textes brefs, des articles, oui, on en trouvait, mais fort peu de recherches approfondies. Et de tout ce que j’ai lu sur lui, une conclusion générale se détachait, à savoir qu’il s’agissait d’un penseur original, indéniablement doué pour les sentences qui font mouche, mais pessimiste, nihiliste, athée… Or, je lisais bien plus que cela dans les textes et entre les lignes, notamment concernant son rapport à la divinité, et je commençais à comprendre la complexité de sa pensée. Peu de temps après, il y a eu un véritable déferlement de livres, thèses de doctorat, colloques, dictionnaires, émissions de télévision et de radio, débats publics et autres signes convergents d’intérêt pour des lectures de plus en plus nuancées. Depuis les publicités murales jusqu’aux ouvrages les plus divers qui le citent en exergue, les formules percutantes et dérangeantes de Cioran trouvent les emplois des plus inouïs, preuve d’une longévité et d’une acuité des problématiques soulevées qui est toujours actuelle. Par ailleurs, j’ai personnellement rencontré et discuté avec une dizaine de personnes qui m’ont toutes avoué avoir été sauvées du geste extrême par la lecture des redoutables assertions du philosophe. Il n’est jamais optimiste ou positif, cependant il fait réfléchir, ce qui est déjà un début de conciliation avec l’existence. (…)
► Lire l’intégralité de l’entretien dans le n° 30 d’ALKEMIE
Arguments
L'idée d'une revue francophone internationale embrassant littérature et philosophie a le grand mérite de proposer une perspective transdisciplinaire : elle est d'autant plus bienvenue que, sans parler des œuvres littéraires à dimension philosophique (d'Homère à Kafka), ni des œuvres philosophiques à dimension littéraire (de Sénèque à Nietzsche), il existe, tout particulièrement dans le domaine francophone, avec un Montaigne, avec un Pascal, avec un Cioran, une longue et belle tradition de plumes qui ont refusé les dogmes séparés pour s'installer dans l'unité qui est celle de la pensée humaine.
Forte du soutien intellectuel des nombreux philosophes qui se sont penchés sur la littérature (de Platon à Derrida) et des nombreux écrivains qui ont servi des thèses et des idées (de Dante à Proust), forte de l'autorité conférée par son ouverture à des philosophes comme à des critiques littéraires aussi distingués qu'Irina Mavrodin, Antoine Compagnon, Sorin Vieru, ou encore Ger Groot, la revue Littérature et philosophie touche au problème décisif de la vérité de l'existence humaine, son langage : la vérité du monde s'exprime-t-elle en concepts, ou en métaphores ? Comme tous les entre-deux, l'espace philosophico-littéraire projette une lumière originale, féconde, enrichissante, sur les deux disciplines rapprochées ; mais, surtout, l'expérience de la confrontation de ces deux modes d'expression ne manquera pas d'encourager la reconnaissance d'une perspective unitaire plus stimulante encore.
Pour avoir moi-même conjugué des recherches philosophiques et littéraires, je suis personnellement honoré et fort impatient de participer à une aventure intellectuelle aussi prometteuse.
Forte du soutien intellectuel des nombreux philosophes qui se sont penchés sur la littérature (de Platon à Derrida) et des nombreux écrivains qui ont servi des thèses et des idées (de Dante à Proust), forte de l'autorité conférée par son ouverture à des philosophes comme à des critiques littéraires aussi distingués qu'Irina Mavrodin, Antoine Compagnon, Sorin Vieru, ou encore Ger Groot, la revue Littérature et philosophie touche au problème décisif de la vérité de l'existence humaine, son langage : la vérité du monde s'exprime-t-elle en concepts, ou en métaphores ? Comme tous les entre-deux, l'espace philosophico-littéraire projette une lumière originale, féconde, enrichissante, sur les deux disciplines rapprochées ; mais, surtout, l'expérience de la confrontation de ces deux modes d'expression ne manquera pas d'encourager la reconnaissance d'une perspective unitaire plus stimulante encore.
Pour avoir moi-même conjugué des recherches philosophiques et littéraires, je suis personnellement honoré et fort impatient de participer à une aventure intellectuelle aussi prometteuse.
Nicolas Cavaillès
Comme dans la plupart des secteurs de la pensée, nous assistons à une atomisation du savoir humain, sans doute nécessitée par la progression même de la recherche scientifique, s'aventurant de plus en plus loin dans les zones inconnues, apparemment inconnaissables de l'esprit. C'est là que les frontières entre les disciplines se touchent, s'effacent même, c'est l'immense lieu de rencontre où la philosophie, dans le sens de la sagesse antique, et la poésie, exploratrice de l'imaginaire, se donnent rendez-vous, rejoignant également la pensée théologique, la science de Dieu, de la Parole et de l'Écriture.
Eugène Van Itterbeek
Les relations entre la littérature et la philosophie ont depuis toujours nourri les réflexions des créateurs, qu'ils soient philosophes ou hommes de lettres. Nombreux sont ceux qui prétendaient que la philosophie se distinguait radicalement de la littérature, aussi par la forme que par le contenu. Si la première exprimait la vérité par un langage conceptuel, qui aspire à l'universalité, la deuxième chercherait partout la beauté, se servant dun langage symbolique et métaphorique qui possède un grave substrat personnel. D'autres considéraient que tout est littérature, c'est-à-dire préoccupation pour l'expression et pour le langage. Les œuvres de Nietzsche, Mallarmé, Proust, Joyce révèlent que cette association entre littérature et philosophie est non seulement possible mais encore harmonieuse, tant l'une se nourrit de l'autre. La légitimité d'un tel rapport est prouvée historiquement par l'ancienne unité de la poésie et de la philosophie. Le problème de la relation art et philosophie préoccupait Nietzsche qui écrivait dans Le Livre du philosophe : « Grand embarras de savoir si la philosophie est un art ou une science. C'est un art dans ses fins et sa production. Mais le moyen, la représentation en concepts, elle l'a en commun avec la science. » Lire tout l'article...
Mihaela-Genţiana STĂNIŞOR
Răzvan ENACHE
Răzvan ENACHE
Mots-clefs :
métaphore et concept,
le fragmentaire,
l'autre,
le rêve,
le vide,
Cioran,
la solitude,
le mal,
l'être,
le destin,
le bonheur